Vous avez dit "habitats d’intérêt communautaire" ?
Un habitat naturel est caractérisé par un cortège de plantes que l'on va régulièrement retrouver ensemble car elles ont des exigences écologiques proches (climat, pH, humidité, températures, structure et composition de la végétation, etc.).
Les habitats ont été étudiés à l'échelle européenne par la communauté scientifique. Une partie d'entre eux sont dits d'intérêt communautaire ; ils sont soit rares en Europe soit menacés de disparition. Les plus menacés d’entre eux sont classés prioritaires : leur destruction est interdite.
Une cartographie a été réalisée dans le cadre de l'élaboration du Document d'objectifs. Elle repose sur des relevés précis de végétation à un temps donné. Sur le site Natura 2000 des Vallées Calcaires Péri-Angoumoisines, il a ainsi été comptabilisé 13 habitats d’intérêt communautaire dont 5 sont considérés comme prioritaires (identifiés par * dans le texte suivant).
Les pelouses calcaires
Les pelouses calcicoles (localement appelées Chaumes) sont des formations végétales rases qui prennent place sur des coteaux le plus souvent orientés au Sud. Elle représentent plus de 200 ha du périmètre du site Natura 2000, soit près de 70 % de la superficie totale des habitats d'intérêts communautaires. On distingue plusieurs types de pelouses, en fonction de leur substrat, de taux de recouvrement de la végétation...
• Pelouses calcicoles méso-xérophiles (6210)
Ces formations végétales rases sont composées essentiellement de plantes herbacées évoluant sur un sol calcaire sec et pauvre en éléments nutritifs. Elles abritent plusieurs espèces d’intérêt patrimonial dont de nombreuses espèces d’orchidées : Homme pendu (Aceras anthropophorum), Ophrys abeille (Ophrys apifera), Ophrys araignée (Ophrys sphegodes), Ophrys mouche (Ophrys insectifera), Orchis bouc (Himantoglossum hircinum)…
La plupart des pelouses calcaires du site est envahi par le Brachypode (Brachypodium pinnatum), une graminée à fort pouvoir colonisateur indicatrice des premiers stades de boisements. La pelouse est alors très appauvrie, ne laissant que peu de place au développement de sa flore et donc de sa faune (papillons, criquets...) patrimoniale. Cette colonisation fait suite à un abandon du pâturage des pelouses.
• Gazons pionniers calcicoles (6110*) / Pelouses xérophiles (6220*)
Ces formations sont constituées d'espèces annuelles et de crassulescentes (Sedum, Saxifrage…) qui sont pionnières, très résistantes au stress hydrique et peu recouvrantes. Cette flore très particulière colonise des zones d’affleurements rocheux ou d’éboulis en sommet de falaises.
L'eau
On distingue les eaux courantes des rivières de celles qui stagnent dans les lacs ou étangs.
• Rivières avec végétation flottante (3260)
Les eaux courantes des rivières péri-angoumoisines, aux cours rapides, présentent une végétation aquatique flottante ou submergée, le plus souvent limitée à des herbiers de callitriches (Calitriche sp).
• Lacs eutrophes naturels (3150) / Eaux calcaires avec végétation pionnière (3140)
La végétation que l'on retrouve les masses d’eau stagnante se caractérise par la présence d'herbiers aquatiques (Nénuphars, miriophilles, potamots, lentilles...) pionniers ou non selon l'habitat concerné. Ces groupemements sont très sensibles à la qualité de l'eau et donc aux activités humaines.
Les formations végétales à hautes herbes
Si le couvert végétal des prairies est assez bas (pâturé, fauché...), d’autres formations végétales herbacées sont caractérisées au contraire par une végétation à "hautes herbes".
• Cladiaies : végétation à Marisques / Cladiaie des bas-marais alcalins (7210*)
Cette formation est caractérisée par une végétation à "hautes herbes" (jusqu'à 2 m), qui se développe sur sols tourbeux et dans laquelle il est difficile de pénétrer. Elle est dominée par le Cladium mariscus, une herbacée aux feuilles glauques et coupantes, localement appelée « rouche ». Elles prennent place en bords des lacs / étang, ou de prairies humides extensives. Ce groupement n’est présent dans les vallées péri-angoumoisines qu’à l’état relictuel, formant le plus souvent de très petites communautés de quelques pieds de Marisque en bordure de plans d’eau tourbeux. De belles formations sont toutefois relevées sur les étangs de l'Anguienne.
• Mégaphorbiaies (6430)
Dans les prairies abandonnées ou certains boisements, se développent les mégaphorbiaies. Ces "prairies à hautes herbes" très fleuries (Grand pigamon, salicaire, Reine des prés, Angélique, Valériane, Ortie, Epilobe…) présentent un intérêt capital pour nombre d’insectes. Elles constituent par exemple un milieu privilégié pour l’alimentation et la reproduction du Cuivré des marais.
Les boisements
Il faut distinguer les boisements humides des boiements secs.
• Forêts alluviales à Aulnes et Frênes (91E0*)
Les boisements alluviaux sont qualifiés d’humides car ils sont souvent inondés en hiver, ce qui explique la dominance d’essences d’arbres telles que les frênes, les aulnes et les saules. Les boisements, ont à travers les siècles, constitués une source d’approvisionnement en bois pour la construction, la vannerie ou le bois de chauffage.
D’un point de vue écosystémique, ces habitats remplissent de nombreuses fonctions et assurent une complémentarité avec les prairies humides. Ils permettent en effet le stockage et l’épuration de l’eau, constituent de véritables corridors et zones de refuge pour nombre d’espèces rares et menacées dont notamment les Chiroptères (chauves-souris) dont le Murin de Bechstein ou la Barbastelle.
• Forêts de pentes et de ravins à tilleuls et érables (9180*)
Boisements inclus, sur ce site, dans les Aulnais-fresnaies. C'est une formation localisée sur les pentes très fortes, en situation de ravin ou d'éboulis avec un sol peu épais.
• Chênaies vertes (9340)
La forêt de Chêne vert est principalement présente sur les coteaux de la vallée des Eaux Claires. Ces boisements quasi purs présentent une strate herbacée de sous bois assez rare du fait du fort pouvoir recouvrant de la chênaie.
• Formations à Buis (5110)
Ce sont les formations arbustives, stables et très adaptées au manque d'eau que l'on retrouve sur les pentes rocheuses calcaires très abruptes, voire dans des éboulis.
Les milieux rocheux
• Grottes naturelles (8310)
Le site Natura 2000 est creusé d'un très vaste réseau souterrain : deux types de cavités sont recensées, celles d'origine naturelle (liées au karst) et celles artificielles correspondant aux anciennes carrières souterraines. Seules les premières sont prises en compte dans la Directive Habitat.
• Végétation des falaises calcaires (8215)
Elle occupe les fentes et les infractuosités des falaises ainsi que les rebords abrupts des coteaux calcaires. Elle s’observe plutôt dans les fentes mal exposées (parfois sous couvert forestier) et au niveau des suintements rocheux. Les espèces rencontrées sont adaptées à ces conditions particulières d’humidité, de sol et de luminosité.